DEUX ESPACES POUR UN MÊME TROUBLE: DIÉTÉTIQUE ET PSYCHOLOGIQUE
Les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaires sont souvent démunis perdus impuissants face à ce trouble qui touche une sphère intime associée à des modes d'expression primitifs, ceux de l'enfance quand le language n'était pas encore à portée, et qu'il n'existait pas de différenciation entre processus somatiques et psychiques.
En proposant un nouvel dispositif thérapeutique, construit autour de deux espaces disjoints à des sujets souffrant d’un trouble du comportement alimentaire nous instaureront une rupture face à une relation duelle.
Les deux lieux, vont leur permettre, de se réapproprier une demande, une aide qui prend forme dans l’entre deux de ses deux espaces. Ce dispositif évitant une relation fusionnelle, qui pourrait se rejouer avec un soignant unique : un médecin, un diététicien ou un psychologue…
De spectateur, il devient co-acteur. C’est comme si l’on assistait à l’ébauche d’une conscience de soi.
Dans ces deux lieux, le trouble de son comportement alimentaire ne va plus représenter le tout du sujet, c’est le sujet qui est reconnu comme ayant un trouble du comportement alimentaire. Il n’est pas le gros le maigre il est une personne à part entière a qui une double éclairage une double lecture va lui être proposé.
Dans le cadre psychologique, le trouble du comportement alimentaire est d’abord entendu par le psychologue comme lié à un élément fondamental de la vie : la nourriture.
Ce dysfonctionnement nous interroge tout d’abord sur le rapport que le sujet a avec la nourriture donc avec la vie. C’est à dire que nous allons essayer de comprendre comment le sujet s’est inscrit dès sa naissance, dans son rapport au temps et à l’espace.
Quel est sa place, son rôle au sein de sa famille, dans son environnement?
Puis ce comportement nous interroge sur l’origine de ce trouble car dans » troubles du comportement » il y a le terme « trouble ». Pourquoi la nourriture a-t-elle pris cette place voir toute la place dans sa vie ?
En questionnant le trouble du comportement alimentaire, le psychologue va permettre au sujet d’aborder la dimension plus symbolique de l’alimentation.
Quelle est donc la nature de ce trouble ?
Pourquoi le sujet a un tel rapport à la nourriture ? Qu’est-ce qui est mis en jeu ?Ce comportement interroge donc sur les rapports que le sujet a avec ses proches, son environnement. Que rejoue-t-il dans cet espace alimentaire ?
Ces dysfonctionnements ont pour conséquences des fluctuations de poids ainsi que l’élaborations de conduites de désocialisation, qui elles mêmes vont interagir entre lui et son environnement.
La nourriture a pris une place entre le sujet et l’autre entre le sujet et l’environnement créant une interface.
C’est bien cela qui se rejoue et que met en lumière le trouble du comportement alimentaire.
Le sujet, manque d’interface, d’entre deux, révélant une fragilité identitaire, liée à une angoisse de séparation, un sentiment de non être. Tout se passe comme si il était de trop et se sentait moins que rien.
Il nous faut alors être prudent dans la conduite thérapeutique à tenir. Nous comprenons que bien qu’invalidant et causant une réelle souffrance, ce trouble du comportement alimentaire est une stratégie à vivre.
Cette façon de manger lui permet de gérer ses émotions qui le submergent quelles soient agréables ou pénibles, car c’est la tension qui n’est pas recevable. « digérable » ! Le « trop de trop » ou le « trop de rien »
En comprenant que ce trouble alimentaire signe surtout qu’il ne supporte pas d’être troublé, le psychologue fait décollé le sujet de l’objet nourriture et lui permet de comprendre qu’une démarche est possible pour reconstruire voir construire cet interface entre lui et le monde, qu’une autre stratégie peut advenir, le psychologue pouvant l’accompagner un temps dans son cheminement.