DÉVITALISATION

Dimanche 17 mai 2020

REPRISE DE  CE QUI NOUS TRAVERSE ET CONTINUE DE NOUS TRAVERSER

Faire  face à cette pandémie, ce virus Covid 19 ; faire face ?

Le terme est impropre ; nous allons devoir faire avec.

Il nous faut reprendre. Il nous faut vivre autrement avec ce qui nous traverse, va nous traverser, et nous dépasse.

Selon les politiques développées,  les réactions ont été diverses, voir adverses. Or, nous sommes et serons tous touchés.

Ces contraintes duent au confinement, ce devoir de restreindre nos contacts psychosociaux et d’adopter des gestes barrières, ont  accentué des errances  sociales, une paupérisation mais également une dévitalisation.

L’homme a déjà été confronté à des pandémies des virus mais ce qui s’est accentué, c ‘est la vitesse de propagation des informations. Avis, jugements  d’experts, de spécialistes, où tout un chacun vient puiser et faire sien un savoir ou une connaissance qui sont immédiatement relégués, «postés, Â», Â« twittés Â», plaqués sans attendre, sans créer un temps de réflexion… développant des angoisses et des rumeurs.

 

Cette absence de travail intérieur face à ce qui fait peur agresse et ne laisse aucune place  à la construction d’une pensée. Tout est avalé sans aucune possibilité de digérer ; tout reste en suspension.

L’extérieur et l’intérieur sont devenus dangereux. L’autre, le corps de l’autre, notre propre corps se doit de rester atone.

 

Ce confinement provoque des transformations plus ou moins visibles.
Il a pour certains l’expression d’une angoisse, d’une peur, d’une colère, d’un énervement, d’une mise en responsabilité ou  d’une culpabilité.

Pour d’autres, celle d’un besoin d’aider, de solidarité. Ces deux actions antagonistes pouvant coexister.

 

Il y a également une transformation plus silencieuse, c’est celle de notre corps qui reçoit un triple impact.

Selon les sujets l’interdiction la contrainte ont été plus ou moins acceptées mais tous ont été impactés. Nous devons être en contrôle de notre corps.

Toute réponse à un stimulus : se gratter, éternuer n’est plus neutre.

Nous devons être dans une vigilance constante des réactions de notre corps  ainsi que celles du corps de l’autre.

Cette attitude de surveillance sans défaillance  aboutit à un sentiment délétère mêlé d’angoisse et de peur. Il n’y a pas de riposte possible, le corps et l’esprit en sont entravés ; nous devenons notre geôlier.

Il y a également l’impression d’être traversé par quelque chose qui nous échappe, que l’on ne peut percevoir. Contrôler provoque des troubles du comportement chez certains et la réactivations de TOC/TCA, de certaines addictions et ou de rituels..

Enfin, le manque de contact, de toucher, d’échanges de regards et de paroles provoque une réelle dévitalisation chez tous. Notre corps se délite.

Tout ce qui a construit tout individu,  le « Handling Holding  Presenting Â», décrit par D.Winnicott se détricote.

Ce confinement, cette mise à l’isolement, comme dans l’univers carcéral ou psychiatrique, provoque chez tout un chacun une perte spatio temporelle. Nous sommes comme suspendu, interdit, sidéré, il y a une perte  de substance, du vital, du vivant.

Il me semble important de prendre conscience de ce phénomène et de donner du temps aux individus pour qu’ils se réapproprient leurs corps et leur réflexion. Cela se nomme convalescence.

 

 

 

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