OBLOMOV OU LA NON EN-VIE

Mercredi 7 février 2024

 

L IMPOSSIBILITE DE PASSER A L ACTE OU L OBLOMOVISME - 

OBLOMOV: PERSONNAGE DU XX1 ème siècle?

 

A l’écoute de certains de mes patients, j’ai perçu un manque d’élan vital où le sujet reste en-deçà; comme à l’intérieur de lui-même.Les idées sont parfois présentes mais s'évanouissent, s'effacent et ne se réalisent jamais.

Tout se passe comme s' ils étaient dans l’impossibilité de donner corps à leur pensée.

Ils regardent la vie mais ne la vivent pas, ils sont spectateurs et non acteurs de leur vie.

Ils ne peuvent y être. Regarder la vie des autres peuvent leur suffire. Ils s’en nourrissent. Ils ont comme une fatigue d’être, d’y être. 

Être dans l’idée mais pas dans la réalité; comme une incapacité à passer à l’acte.

Pour certains, c’est même la seule possibilité pour eux de vivre; être de loin , au loin de cette vie si absorbante, voir envahissante, comme une peur, une angoisse de s’y perdre. 

 Rester à l’intérieur de soi, c’est mettre l’autre à distance, non parce que le sujet ne peut ressentir de l'amour mais parce qu’il sait que ce lien pourrait le lier de trop, jusqu’à l’effacer, le dissoudre.

Vivre, demande trop d’énergie. La vie les fatigue les épuise. Ils sont en lutte avec le vivant.

Alors, pouvoir rester en dehors, comme suspendu, sans gravité sans que rien ne leur pèse.

Le sommeil, dormir est une vraie ressource, cela leur permet de s’évader sans culpabilité.

Qui sont-ils? 

 Ils sont perçus comme des flemmards, des individus qui n’ont pas d’intérêts qui se moquent de tout, des “aquoibonistes”?

 Dans la littérature, le personnage d’ "Oblomov” de Gontcharov, incarne cette manière de vivre.

 Flemme de vivre? Oui et non, oui car ils sont déjà épuisés avant même de commencer.Non, car ils ont fait ce pas de côté car, tout les touche de trop.

Être dans ses rêves plutôt que de les vivre, être dans l’idée dans le concept et pas dans la réalité, leur permet de se protéger d’un monde qui les traverse de façon trop intense.

Mettre à distance l’émotionnel, le vivant pour pouvoir sur-vivre, être au dessus de la vie et non dans la vie qui peut les engloutir.

Parfois, pour certains ils sont rattrapés par ce réel et ils font le choix de ne plus sortir(Hikikomori), de se cloitrer, de juste suivre les autres. 

 Un nombre croissant de personnes au XXI siècle vivent en suivant et regardant la vie d’ autres. Ils préfèrent se laisser faire, laisser faire la vie. Pour certains, ils vont se laissent glisser dans un profonde apathie puis basculer dans un sommeil éternel, sorte d'échappement ultime sans retour.

Cette non en-vie,  ce “à quoi bon”signent une difficulté à être dans la vie. Pour ces “Oblomov”, l’espace entre le dedans et le dehors ne s’est pas bien construit; ils n’ont jamais pu appréhender le réel sans être dévastés, comme si,  il n’ y avait pas eu de rupture avec le ventre maternel. C'est dans cette interface, symbolisée par l’intérieur de leur maison, leur lit, leur robe chambre qu'ils trouvent un moyen de respirer de sur-vivre.

Oblomov va tout perdre; son sommeil  est sa bouée, son re-père; même  son valet Zachar, sorte d'écholalie, ne pourra que l’accompagner en douceur vers son échappement final. 

 

 

 

 

 

 

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