Parler des adolescents, de l’adolescence, c’est en premier lieu, prendre conscience que ce terme n’existe que dans les sociétés modernes, et individualistes où, l’espace est beaucoup plus flou, où le jeune adulte n’a pas de responsabilité sociale.
Depuis plusieurs années, je rencontre dans ma pratique clinique, des adolescents qui, semblent perdus, sans réelles envies, ayant parfois recours à des passages à l’acte qui, «court circuitent» leur pensée et, semblent plus du côté du l’angoisse que de l’agressivité. Tout se passe comme si, l’adolescent, provoquait un acte afin que quelque chose advienne.
La puberté est une métamorphose, une transformation, où, le sujet est aux prises avec les mouvements internes de son corps, qu’il associe à une perte de contrôle, provoquant chez lui, une volonté de maîtrise, se traduisant parfois par des conduites de vérification, de régulation du corps, de censure…
Aujourd’hui, l’espace adolescent est de plus en plus vague et sans limite. Il commence bien avant la puberté et peut ne jamais se terminer...
Ces jeunes, semblent rivés, soumis, voir englués dans une fumée tabagique, un flux alcoolique, une bulle internet, des marquages corporels (scarifications, piercings, tatouages, troubles du comportement alimentaire). En même temps, ils laissent percevoir une inquiétude et une lassitude face au monde extérieur.
Ils semblent toujours sur leur garde.
A la recherche d’une autonomie, ils ont un besoin permanent, d’être connectés, reliés. Ils sont dépendants tout en aspirant à être libres. L’augmentation de diverses addictions, me semble refléter ce malaise, inhérent à une accélération du rythme sociétal, où, le sujet se retrouve dans un « tout tout de suite » où, le temps de la réflexion ne leur est plus permis ; ils ont le devoir d’être… Ces moments, passés sur les réseaux sociaux, les jeux en ligne, et même certaines atteintes du corps, reflètent, une tentative de maitrise du temps, afin de se réapproprier une identité à construire.
"Il faut se mettre au monde soi-même, puisque la voie n’est plus tracée." David Le Breton.
Ces comportements, me semblent plus, des stratégies d’existence que des conduites mortifères, mais, qui à force de se répéter peuvent devenir toxiques.
Proposer, une altérité, remettre de l’intermittence, du vide, de la coupure, c’est à dire proposer, un espace temps où une parole pourrait s’exprimée et être entendue, me semble une voie pour recréer un entre-deux, une respiration, un désir, une en-vie.